Dans un monde qui aspire à plus d’inclusion, la prise en charge des personnes en situation de handicap demeure un défi majeur. Abdelkader Azouz, gérant du magazine « Vouloir », premier média dédié à cette cause, partage son regard sur les avancées et les lacunes du système actuel.
Entretien réalisé par
Linda Ima
- Comment évaluez-vous aujourd’hui la prise en charge des personnes handicapées ?
J’estime qu’il y a eu des progrès indéniables, notamment en matière de législation et de sensibilisation. Mais dans la réalité, les personnes en situation de handicap rencontrent encore de nombreux obstacles. Que ce soit l’accessibilité aux infrastructures, l’insertion professionnelle ou l’accès aux soins spécialisés, il reste beaucoup à faire.
- Quels sont les principaux freins à une meilleure prise en charge ?
Le premier frein est souvent financier. Adapter les infrastructures, mettre en place des politiques d’accompagnement efficaces, cela demande des investissements conséquents. Ensuite, il y a la question du regard porté par la société. Tant que le handicap sera perçu comme une « exception » et non comme une réalité qui concerne tout le monde, nous aurons du mal à avancer.
- Qu’en est-il de l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap ?
C’est un véritable enjeu. Trop souvent, les structures médicales ne sont pas adaptées. Certaines cliniques ou hôpitaux ne disposent pas d’équipements adaptés, et le personnel médical n’est pas toujours formé à la prise en charge spécifique de certains handicaps. Résultat : des diagnostics tardifs, un suivi médical irrégulier et, dans certains cas, une détérioration de l’état de santé des patients.
- Existe-t-il un manque de spécialistes pour ces patients ?
Oui, clairement. Dans de nombreux domaines, comme la rééducation, la neurologie ou la psychiatrie, il y a un manque criant de spécialistes formés aux besoins des personnes en situation de handicap. De plus, les délais pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste peuvent être extrêmement longs, ce qui aggrave encore les difficultés.
- Quels types d’améliorations pourraient être mises en place ?
Il faudrait d’abord renforcer la formation des professionnels de santé pour qu’ils puissent mieux accompagner les patients en situation de handicap. Ensuite, il est essentiel de rendre les infrastructures médicales pleinement accessibles, aussi bien physiquement qu’en termes de communication pour les personnes ayant des déficiences sensorielles. Enfin, un réseau de soins plus structuré, avec des parcours de santé adaptés, permettrait de garantir un suivi efficace.
- Que propose votre magazine pour contribuer à cette amélioration ?
« Vouloir « s’efforce d’être un porte-voix pour les personnes en situation de handicap. Nous donnons la parole aux concernés, aux associations, aux professionnels du secteur. Nous mettons aussi en avant des initiatives inspirantes, qu’elles soient locales ou internationales. L’objectif est de montrer qu’une société inclusive est non seulement possible, mais surtout bénéfique pour tous.
- Pourquoi vous avez opté pour un support dédié principalement à cette frange de la société ?
Je considère avoir investi un créneau vierge. Les préoccupations des personnes handicapées sont nombreuses et encore largement ignorées. Conscient de l’importance de l’accessibilité, j’ai décidé de publier « Vouloir » en trois langue, l’arabe, le français et l’anglais. Nous avons concernés des pages dédiées spécialement aux compétitions handisports, nationales et internationales.
- Quel message aimeriez-vous faire passer aux décideurs et au grand public ?
Il est urgent de passer des bonnes intentions aux actions concrètes. Etre handicapé moteur, visuel, malentendant ou autre nécessite une attention particulière de la part des autres afin de réduire cette sensation d’être amoindri, d’être privé d’une partie de soi, d’être incapable de se prendre en charge, en un mot être comme les autres.
Ces personnes ont droit à une vie digne, autonome et épanouie. Cela passe par des politiques volontaristes, mais aussi par un changement de mentalité. L’inclusion ne doit pas être perçue comme un effort, mais comme une évidence.
L. I.