Le nombre de femmes victimes de violence a presque doublé entre 2022 et 2023, enregistrant une hausse de près de 100 %. La majorité de ces violences se sont déroulées au sein du foyer conjugal, selon une étude menée par l’Institut National de Santé Publique (INSP) dans cinq wilayas du pays.
Cette étude s’est basée sur les déclarations dans les services gynécologie et de médecine légale des hôpitaux des wilayas d’Alger, Blida, Oran, Médéa et El oued, de janvier 2022 à décembre 2023. Au total, pas moins de 2229 cas de violences à l’égard des femmes ont été enregistrés de janvier à décembre 2022, contre 4004 cas enregistrés durant la même période en 2023.
Le document fait état d’une augmentation significative des consultations spontanées des victimes, passant de 29% à 85% en une année. Il précise que la majorité d’entre elles, soit 91%, se sont adressées au service de médecine légale. En outre, 62% des cas ont été déclarés dans la wilaya d’Alger.
La quasi majorité des victimes, soit 99% d’entre elles, présentaient des blessures physiques, notamment des coups et blessures volontaires. Près de 9% ont subi des dommages psychologiques telles que des signes d’anxiété et de choc émotionnel, tandis que 2% ont été victimes d’agression sexuelle.
Le foyer, théâtre de ces violences
Le foyer conjugal, censé être un lieu sûr, devient malheureusement le théâtre de ces violences perpétrées par des hommes. Plus de 60% des femmes sont agressées chez elles, contre près de 20 % dans les lieux publics, selon le rapport.
Près de 70% des victimes sont des femmes mariées, la plupart d’entre elles sont des femmes au foyer et mères d’au moins un enfant. Dans 80 % des situations, l’agresseur était de sexe masculin, dont près de la moitié des actes étaient commis par le conjoint. Près de 10 % des agressions étaient d’origine intrafamiliale.
Le document précise également que plus de 70 % des victimes ont subi des violences récurrentes dans le passé, et 23% d’entre elles étaient victimes de violence pour la première fois.
Cette étude qui a concerné cinq wilayas du pays a été précédée par une première enquête nationale, il y a 20 ans, précise l’INSP. Les résultats de cette enquête montraient que les jeunes femmes de moins de 45 ans étaient principalement cibles de ces violences, souvent commises par le conjoint dans 70 % des cas, et se produisant à domicile dans 50 % des cas.
Ces résultats indiquent que la situation n’a pas évolué depuis deux décennies, ce qui devrait pousser à réfléchir à des solutions pour réduire ces violences qui peuvent mener jusqu’au féminicide.
Yamina Baïr
