Dépister, surveiller, diagnostiquer et démasquer une hypertension artérielle cachée tels sont les maitres mots du Pr Djamel Eddine Nibouche professeur en cardiologie, prononcés en direction de ses étudiants de quatrième année en médecine, durant le cours consacré à l’hypertension artérielle, auquel nous avons assisté, pour en savoir plus sur cette maladie qui touche un tiers de la population mondiale.
Des mots clés importants, à ses yeux, pour que ces futurs médecins comprennent la maladie, apprennent à la diagnostiquer et à la prévenir. Sa passion pour l’enseignement, la prévention et son expertise dans le domaine ont été évident dans ce rôle pédagogique.
C’est dans une salle à proximité de son bureau dans le service de cardiologie au CHU Nefissa Hamoud ex Parnet devant une trentaine d’étudiant que le Pr Nibouche explique, avec patience et expertise , dans un silence de plomb, les mécanismes de cette maladie chronique qui se caractérise par une augmentation de la pression sanguine dans les artères. Le professeur énumère les causes de l’hypertension artérielle, les symptômes et les complications qui peuvent en découler. Il aborde également les différentes méthodes de diagnostic et de traitement, ainsi que les mesures préventives à prendre pour éviter cette maladie en s’appuyant sur des plaques de sa présentation projetées sur un tableau.
Cette maladie est un « tueur silencieux » a déclaré le Pr Nibouche et d’ajouter: « comme aime l’écrire des journalistes ». Il rappelle que cette maladie insidieuse peut être cachée chez 15% de la population. « l’hypertension cachée est très grave », a- t-il dit. Elle touche le sujet jeune, de sexe masculin, consommateur d’alcool, sédentaire, obèse et soumis au stress. Il est important de la dépister en cas de suspicion et il est recommandé de suivre le patient et de le mettre sous traitement s’il est nécessaire. L’auto-mesure figure parmi les principales recommandations liées à la prise en charge de l’hypertension artérielle.
Ce qui permettra de sauver des malades de graves complications notamment cardiaques, accidents vasculaires cérébraux et insuffisance rénale a- t-il expliqué tout en revenant sur les causes de cette maladies dont l’âge, la génétique, la sédentarité, le mauvais régime alimentaire, le tabagisme.
Pour mieux cerner la question, le Pr Nibouche n’a pas manqué d’illustrer de manière didactique les quatre catégories de patients hypertendus à, prendre en compte notamment l’HTA « de la blouse blanche » qui selon lui, n’est pas begnine car « le patient peut devenir réellement hypertendu. Le recours à la MAPA en première intention est indiqué », a-t-il souligné.
« Il n y a aucune maladie qui touche autant d’organes vitaux et jusqu’à enclencher la démence », a averti ses étudiants. L’hypertension artérielle, poursuit-il, touche un tiers de la popualtion mondiale et environs 30% de la population algérienne et elle est retrouvée à 70% dans la proportion des personnes âgées de 70 ans et plus.
Dans le souci de rappeler les dangers de cette maladie sur les organes vitaux en faisant référence aux AVC, le Pr Nibouche rappelle l’importance de la prévention en adoptant un mode de vie sain et une surveillance régulière de la tension à travers l’auto-surveillance. «Le malade doit prendre sa tension seul chez lui à la maison », a- t-il insisté et de préconiser l’activité sportive pour réduire la sédentarité, soit 150 à 300 minutes par semaine, en faisant référence aux recommandations internationales. Il revient également sur les méfaits de l’alimentation riche en graisse saturée et la viande rouge considérée aujourd’hui cancérigène en précisant que la quantité journalière de sel à consommer doit être inférieur à 5g/j.
La seconde partie du cours magistral est consacré aux différentes traitements disponibles et indiqués dans le cas d’une hypertension artérielle selon l’évolution de la maladie. En plus d’une hygiène de vie, en faisant de l’exercice régulièrement en adoptant une alimentation sain, les médicament contribuent à contrôler la pression artérielle mais ils « ne guérissent pas la maladie », a-t-il affirmé.
Attaché au respect du principe de la persistance et de l’adhésion vis à vis du traitement, le Pr Nibouche a insisté sur la différence entre les deux en appuyant sur le second paramètre car : « 30% des patients abandonnent le traitement au bout d’une année alors que 50% d’entre eux ne suivent pas correctement la prescription c’est à dire prendre tous les jours la même dose à la même heure », a- t-il relevé. Ce qui ne permet pas d’avoir des patients contrôlés donc atteindre la cible tensionelle. “Ils sont moins de 20% en Algérie à atteindre la cible », révèle t-il.
Ainsi, il est très difficile, ajoute t-il, d’arriver à contrôler ces patients hypertendus, c’est pourquoi « je vous rappelle le principe de la persistance et surtout être vigilant sur les chiffres tensionels chez les hypertendus de manière différentielle selon l’âge » tout en espérant voir rapidement arriver les molécules innovantes en l’occurrence l’immunothérapie. « Les chiffres tensionnels doivent être normalement entre 120/80 mm Hg -130/ 80 mm Hg chez un hypertendu avec ou sans co-morbidités alors que pour un hypertendu insuffisant rénale, les chiffres doivent se situer entre 130-140 mmHg », a- t-il encore insisté . 16h30, le cours prend fin, au bout d’une heure, pour laisser place aux questions des étudiants visiblement bien éclairés. « Le prochain TD (travaux dirigés) sera consacré à l’hypertension artérielle chez la femme enceinte, un aspect à ne pas négliger » a -t-il lancé avant de quitter la salle de cours.
Djamila Kourta