La présidente de la société algérienne des cancers gynécologiques et chef de service gynécologie obstétrique au CHU de Bab El Oued, Pr Fadila Madaci appelle au renforcement des moyens de dépistage et de diagnostic des cancers gynécologiques notamment le cancer du col l’utérus, de l’endomètre, de l’ovaire et du sein à l’occasion du mois de Septembre Turquoise dédié à la lutte contre les cancers gynécologiques.
C’est l’occasion de sensibiliser et d’informer le grand public sur l’ampleur de ces cancers qui représentent une grande partie des 50.000 nouveaux cas de cancers enregistrés en 2022 en Algérie, dont 24.118 cas chez les femmes toute localisations confondues et une grande partie est d’ordre gynécologique.
. Le cancer du sein arrive en tête avec plus de 14.000 nouveaux cas enregistrés chaque année dont l’âge de la survenue est moins de 40 ans alors que le taux de mortalité est estimée à 15%, selon les données du registre national du cancer. Par ailleurs, 1663 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été enregistrés en 2020 en Algérie dont l’âge moyen de survenue de ce cancer était de 55 ans. Son incidence commence à augmenter à partir de 40 ans et elle est actuellement de 7,9 pour 100 000 femmes avec 930 décès par an selon les estimations du Globocan. Un taux jugé très élevé selon Pr Madaci alors que l’Algérie a adopté depuis de années un programme national de dépistage à travers le frottis cervico-vaginal.
Premières causes de décès chez la femme, ces cancers évoluent rapidement alors que certains sont « dépistables » et « évitables » souligne Pr Madaci qui rappelle que le cancer du sein prend de l’ampleur en Algérie et touche de plus en plus les femmes jeunes contrairement aux autres pays malgré tous les moyens de diagnostics et thérapeutiques existants.
La lutte contre ces cancers passe inévitablement par la dépistage et la prévention. « Il est important aujourd’hui de sensibiliser les femmes au dépistage et tenter de capter ces femmes à chaque fois que l’occasion se présente. Comme il est aussi important d’intégrer l’examen des seins et préconiser le dépistage du HPV lors des consultations», a t-elle indiqué avant de rappeler le rôle primordial des PMI dans ce programme de dépistage qui doit être selon elle organisé et intgéré dan les soins de santé primaire.
Le manque d’information, les limites à l’accès aux diagnostic et l’hésitation au dépistage sont autant de facteurs contribuant à cette augmentation des cas de cancers gynécologiques à l’exception du cancer du sein qui est plus médiatisé.
Pr Madaci estime que la sensibilisation au dépistage à ces cancers évitables doit être quotidienne à tous les niveaux chez la sage -femme, le médecin généraliste, le médecin du travail, les associations et à travers les médias et réseaux sociaux. Elle insiste ainsi sur le suivi régulier, tout au long de la vie d’une femme, en mettant l’accent sur l’examen clinique.
En terme de tendance évolutive des cinq premiers cancers féminins, le registre des tumeurs d’Alger 2021 publié par l’INSP relève que l’incidence brute des cancers féminins les plus fréquents a observé une hausse par rapport à l’année 2020. Chez les femmes algéroises, l’incidence standardisée tous cancers confondus observée en 2021 « est supérieure à la moyenne mondiale (200,8 versus 186/100 000) probablement du fait du poids du cancer du sein qui représente 39,2% des cancers féminins et dont les incidences brute et standardisée sont respectivement de 93,1/100 000 et 77,5/100 000 (l’incidence standardisée mondiale moyenne est de 80/100 000). »
Djamila Kourta