Quatrième cancer féminin après le sein, le colon rectal et la thyroïde, le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers évitables par le dépistage et la vaccination avancent les experts, lors de la table ronde organisée au Salon de l’information sur le cancer SICAN 2024, en présence du Dr Djamel Fourar, Dr Amar Ouali, et Dr Djamila nadir, respectivement directeur général de la prévention, directeur de la population et sous directrice des maladies non transmissibles au ministère de la santé.
1663 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été enregistrés en 2020 en Algérie dont l’âge moyen de survenue de ce cancer était de 55 ans. Son incidence commence à augmenter à partir de 40 ans et elle est actuellement de 7,9 pour 100 000 femmes avec 930 décès par an selon les estimations du Globocan a indiqué Dr Saida Ammiali de l’INSP.
Une incidence qui a suscité le débat entre experts, lors de cette table ronde, du fait que les données restent encore incomplètes puisque de nombreux prélèvements de frottis cervico utérin effectués ne sont pas répertoriés et comptabilisés dans les statistiques du ministère de la santé notamment ceux du réalisés dans les centres privés. C’est le cas également pour certains centres publics qui ne communiquent pas leurs données.
Dans l’objectif de réduire d’ici 2030 cette incidence, il est urgent d’augmenter la performance du programme national de lutte contre cette maladie a souligné Dr Amar Ouali, directeur de la population au Ministère de la santé. « Il est question de revoir cette stratégie nationale en introduisant de nouvelles techniques et des équipements de dépistage plus efficaces et performants », a- t-il indiqué tout en préconisant l’adoption d’«une approche préventive intégrée et inclure la vaccination ».
Dr Ouali n’a pas manqué de rappeler toutes les réalisations à travers le programme nationale de prévention du cancer du col utérin du ministère de la santé notamment la formation des screeners, ouverture de centres de dépistages qui sont en nombre de 289 unités et prise en charge des cas suspects.
« 69.8 % des polycliniques couvrent l’activité des prélèvement frottis cervico- utérin (FCU) dont 115000 ont été réalisés en 2023. Notre objectif est d’arriver à un million de frottis par an », a-t-il indiqué en soulignant l’importance de la mise en réseau des structures opérationnelles dans le dépistage en incluant le privé.
« La stratégie nationale de prévention contre le cancer du col basée sur le dépistage nécessite un accompagnement par la sensibilisation du grand public et l’introduction de la vaccination comme moyen efficace de prévention primaire » ont recommandé les experts.
Pour le Pr Dhakya Mohammedi, chef d’unité papillome et herpès à l’institut Pasteur d’Algérie est revenu sur les nouvelles techniques de dépistage en faisant référence à la PCR et sa performance avant de signaler que deux types de HPV (16 et 18) provoquent 70% des cancers et des lésions précancéreuses du col de l’utérus. « Le dépistage des HPV est un élément clé de la stratégie de dépistage et de prévention du cancer du col utérin », a- t-elle expliqué et de préconiser son insertion dans une démarche préventive globale intégrant tous les moyens de préventions en l’occurrence le dépistage, la vaccination, le traitement des lésions précancéreuses et prise en charge adaptée des femmes atteintes de cancer col utérin tout en rappelant la stratégie de l’OMS pour l’élimination du cancer du col utérin basée sur les cibles 90-70-90.
Le Pr Esma Kerboua, chef de service oncologie médicale au centre Pierre et Marie Curie a évoqué , quant à elle, la problématique des récidives du cancer du col utérin dont “des cas arrivent en oncologie à des stades avancés” d’où “l’utilité de la vaccination en plus du dépistage pour réduire le cancer du col utérin“, a t-elle ajouté.
Pour rappel, le virus du papillome humain (HPV) est une infection sexuellement transmissible courante qui peut toucher la peau, la région génitale et la gorge ont expliqué les différents intervenants. La quasi-totalité des personnes sexuellement actives seront infectées à un moment de leur vie, le plus souvent sans présenter de symptômes. Dans la plupart des cas, le système immunitaire élimine le HPV de l’organisme. L’infection persistante par le HPV présentant un risque élevé peut entraîner des anomalies cellulaires qui se transforment en cancer.
Djamila Kourta