Le Dr Youcef Terfani, directeur chargé des maladies non transmissibles, point focal tabac, au ministère de la santé, revient dans cet entretien sur les principales actions engagées par le ministère de la santé dans la lutte antitabac. Il révèle que de nouvelles propositions visant à améliorer l’application des mesures de prévention et les actions de sensibilisation.
Propos recueillis
par Djamila Kourta
La célébration de la journée mondiale sans tabac coïncide, cette année, avec la célébration du vingtième anniversaire de la convention cadre de l’OMS. Est ce que l’Algérie a atteint les objectifs fixés par cette Convention ?
La lutte contre le tabagisme constitue une priorité du ministre de la santé. La preuve est que notre pays a été parmi les premiers pays du continent africain à ratifier cette convention en 2006. Outre la convention cadre de l’OMS, je tiens à rappeler que le cadre référentiel dans la lutte anti -tabac, dans notre pays, est la loi sanitaire adoptée en 2018. Cette dernière comporte 14 articles ayant attrait à la prévention et à la sensibilisation contre le tabagisme.Des textes réglementaires existent déjà avant même la convention cadre et d ‘autres ont été promulgués par la suite. Ces textes attendent effectivement d’être suivi de textes d’application.
Un projet de décret modifiant complétant le décret relatif à l’interdiction et l’usage du tabac dans les lieux public est en cours de révision.Il prévoit des sanctions et des amendes allant de 2000 à 5000 Da. D’autres actions sont également en cours notamment la sensibilisation sur les méfaits du tabac.
Une stratégie nationale multisectorielle a été mise en œuvre dans ce contextes mais les propositions tardent être appliquées. Pourquoi ?
Effectivement, la stratégie nationale a été mise en place où toutes ces actions sont inscrites. Le ministère de la santé travaille justement dans ce sens. Au chapitre sensibilisation, de nouvelles dispositions concernant la sensibilisation aux méfaits du tabac, seront mises en place.
Le projet consiste à revoir les messages sanitaires avec des images choquantes sur les paquets de cigarettes et qui occuperont 60% de l’espace. Il en est de même pour la mise en garde sanitaire tel que « Le tabac tue » qui va occuper 30% de l’espace. Par ailleurs, l’ouverture des centres de consultation d’aide au sevrage tabagique qui sont en nombre de 53 seront dotés de moyens nécessaires pour aider les fumeurs en leur offrant les substituts nicotiques. Ils seront mis gratuitement à la dispositions des fumeurs atteints de maladies chroniques. Actuellement, un cycle de formation de trois jours, en collaboration avec l’OMS, est en cours au profit des médecins et des psychologues des unités d’aide au sevrage tabagique de la région ouest du pays.
Comment comptez -vous financer ces prouits ?
Le Ministère de la santé a formulé des propositions au gouvernement afin de puiser du fond des urgences qui est alimenté par les taxes sur le tabac, depuis sa création en 2002 pour la prise en charge des maladies liées au tabac. Cette taxe est fixée actuellement à 11 Da par paquet vendu.
C’est à travers ce fond que ces services de consultation au sevrage tabagique puissent fonctionner. La deuxième étape consistera à soumettre ses produits au rembourssement par la sécurité sociale.
La consommation du tabac ne semble pas baisser dans notre pays malgré tout l’arsenal de texte réglementaires. Qu’en est -il ?
Le problème est à ce niveau-là justement. Le tabac est le premier facteur de risque dans le cancer du poumon qui fait des ravages à travers le monde et dans notre pays. Le nombre de cas de cancer ne cesse d’augmenter et on enregistre chaque année 3.000 nouveaux cas par an, soit 17 cas pour 100.000 habitants. La prise en charge d’un cas de cancer , selon une étude du CPMC réalisée en 2016, revient un million de dinars. Il est effectivement urgent de sensibiliser la popualtion, les jeunes sur les danger du tabagisme et sa culture. Cette sensibilisation doit être portée par des voix de jeunes, d’influenceurs, des associations de malades, les associations caritatives et des acteurs de diffrents horizons.
D.K