Interview

Interview/ Dr Mohamed Ammi, médecin interniste : « l’apnée obstructive du sommeil est un facteur cardio métabolique important”  

Dr Mohammed Ammi, maître de conférences au service de médecine interne à l’EPH El Biar

Dans cette interview, Dr Mohammed Ammi, maître de conférences au service de médecine interne à l’EPH El Biar, explique le lien entre le syndrome de l’apnée obstructive du sommeil (ou le SAOS) et les maladies cardio-métaboliques. Il tire la sonnette d’alarme sur l’importance du dépistage et la prise en charge précoce de cette pathologie pour éviter la morbi mortalité chez les patients.

Propos recueillis par
Yamina Bair

  • Pourquoi est-il important de diagnostiquer précocement l’apnée obstructive du sommeil ?

Le syndrome d’apnée du sommeil est une pathologie fréquente mais qui est méconnue et moins diagnostiquée. Elle se caractérise par son association avec plusieurs maladies cardio métaboliques, notamment l’hypertension artérielle (HTA) où le syndrome d’apnée du sommeil constitue le premier facteur de risque et la première cause de l’HTA secondaire.

Si le patient est mal équilibré sur le plan tensionnel, il faut chercher un SAOS, assurer une bonne ventilation, et baisser les chiffres tensionnels. Le SAOS est également associée aux évènements cardiovasculaires, on le trouve chez les patients qui font des syndromes coronariens, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), chez ceux qui souffrent d’insuffisance cardiaque et du trouble de rythme. C’est l’une des premières causes de mort subite nocturne.

  • Comment se fait le dépistage ?

Il est nécessaire de dépister le SAOS en cardiologie et en médecine interne et générale. Ce syndrome est associé aux maladies métaboliques, donc c’est un facteur de risque indépendant des autres facteurs de risque dans le développement du diabète. Il faut savoir que les apnéiques font plus de diabète. Et lorsque le SAOS est sévère, le diabète devient difficile à équilibrer si l’on n’assure pas une bonne ventilation. On le trouve aussi chez les patients obèses, car l’obésité, qu’elle soit viscérale ou au niveau du cou, constitue le facteur principal du SAOS. Pendre le tour de taille et le tour du cou chez le patient obèse est essentiel. Il faut également poser des questions à la recherche du syndrome d’apnée du sommeil. Ces questions se font avec un score qui permet d’évaluer la somnolence, qui est un retentissement d’un mauvais sommeil. Elle se présente par une fatigue matinale chez le patient, des céphalées très asthéniques, et une impression d’avoir mal dormi. Le ronflement est le maître symptôme, ainsi qu’une apnée que l’entourage peut détecter. Le SAOS s’impose comme un facteur cardio métabolique important qu’il faut considérer comme un facteur de risque tel l’hypertension artérielle, l’obésité et le diabète.

  • Vous avez réalisé une étude sur le lien entre le SAOS, le diabète et l’HTA. Pouvez-vous nous parler des résultats ?

Nous avons réalisé un travail au sein de notre service, sur 230 patients apnéiques non diabétiques, dans le cadre d’une thèse. Nous avons réalisé un bilan cardio métabolique, incluant un bilan biologique, glycémique, lipidique, hépatique, rénale, etc. Nous avons fait un examen clinique complet, notamment la mesure ambulatoire de la pression artérielle (la MAPA), et nous avons cherché l’artériosclérose infraclinique.

Nous avons été surpris par les résultats : nous avons commencé avec zéro cas de diabète et de prédiabète, et nous avons découvert que 45% des sujets étaient en situation de prédiabète et 20% de diabétiques. Autrement dit, un patient sur cinq souffrait d’un diabète méconnu et c’est alarmant.

Concernant l’HTA, 38% des participants présentaient une HTA, ce chiffre a doublé atteignant 75%. De plus, 70% d’entre eux présentaient une HTA mal équilibré. C’est pour cette raison que nous tirons la sonnette d’alarme : devant une HTA mal équilibrée, il faut impérativement chercher un syndrome d’apnée obstructive du sommeil.

Concernant la dyslipidémie, nous avons découvert 40% des sujets en situation d’hypertriglycéridémie, 60% d’entre eux en situation d’HypoHDLémie, et 75% en situation de stéatose hépatique. Nous sommes devant une bombe cardio-métabolique. Il ne s’agit pas seulement d’un mauvais sommeil, mais d’un facteur de risque qu’il faut rechercher systématiquement.

Y. B.

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