Le financement de la prise en charge du diabète constitue, aujourd’hui, un sérieux problème au vu de son incidence et ses lourdes complications à long terme. Une maladie qui représente un lourd fardeau pour les caisses de la sécurité sociale avec une dépense de 54 milliards de dinars par an.
Comment diversifier les ressources afin d’assurer une prise en charge pérenne de cette maladie et de ses complications? Quels sont les mécanismes à mettre en place afin de réduire ces dépenses colossales? Quels sont les modèles à adapter au contexte local? Sont autant de questions débattues par un panel d’experts lors du Diabetes pharmaceutical Summit organisé, samedi 27 janvier, par l’association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA).
L’épidémiologie du diabète constitue déjà une réelle problématique à prendre en charge afin de réduire cette prévalence en nette augmentation avec des complications de plus en plus importantes.
Pour Miloud Kaddar, spécialiste en économie de la santé, la perspective pour le financement de la prise en charge de cette maladie passe d’abord par une évaluation. “Il faut faire un état de lieux et s’assure que dont nous disposons comme ressources et ce nous réalisons pour avoir une vision stratégique prospective avec une veille scientifique. C’est à ce moment là que l’on peut évaluer si nous avons encore des marges de manœuvre pour augmenter ou non les financements, a t-il expliqué. L’expert a mis l’accent sur l’importance de rationaliser les dépenses et assurer l’efficience. Dr Meriem Hedibel, maître assistante à la faculté de pharmacie et experte en économie de santé estime que la première des choses à envisager, dans ce cas de figure, est l’évaluation pharmaco-économique. Elle rappelle que l’accès aux médicaments innovants est de plus en plus difficile pour les patients alors que les caisses de sécurités sociale sont déficitaires. Pour elle, l’évaluation pharmaco- économique permet d’évaluer ces produits innovants et permettra d’engager la réflexion afin de garantir la pérennité du système de santé.”Injecter simplement de l’argent n’est pas la solution. L’augmentation des budgets nécessite des mécanismes adéquats pour rendre la dépense efficiente. L’évaluation pharmaco-économique , ne permet pas de rationner mais de rationaliser les dépenses. Nous avons besoin de faire des choix et la pharmaco-économie nous permet d’avoir une simulation de nos dépenses et des résultats à récolter“. Dr Hidibel recommande également la mise en place des contrats financiers avec les laboratoires pharmaceutiques pour le partage des risques et surtout diversifier les sources de financement notamment les mutuelles et les assurances privées.
Le renforcement des actions de prévention, l’éducation thérapeutique constituent les éléments essentiels dans la réduction des dépenses notamment pour les complications, a souligné le Pr Samir Aouiche, diabétologue au service diabétologie au CHU Mustapha Bacha. L’implication du pharmacien dans l’éducation thérapeutique des patients diabétiques, la mise en place des protocoles de soins et des réseaux de surveillance épidémiologique contribueront selon lui, à une meilleure gestion de la maladie et de ses dépenses. “Nous diagnostiquons de plus en plus le diabète de type 2 chez les jeunes qui vont aller rapidement vers des complications. Il est important aujourd’hui de renforcer la stratégie de prévention, en actualisant les les recommandations et le guide de prise en charge d’autant que cette maladie est en mouvement, a déclaré le pr Aouiche avant de déplorer que “de nombreux patients diabétiques Dt2 jeunes sont déséquilibrés qu’on appelle des “clusters progresseurs” vers des complications.
Djamila Kourta