Les addictions peuvent avoir des effets endommageant sur le cerveau humain et provoquer des pathologies mentales, ont alerté des psychiatres , lors d’une session de formation pour les journalistes (Beker media Training), organisée à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale par les laboratoires Beker
Les addictions à certaines substances peuvent conduire à des pathologies mentales et infectieuses. Selon le professeur Nadir Bourbon, chef de service d’addictologie à l’ESH Franz Fanon (Blida), les addictions endommagent la partie préfrontale du cerveau, responsable de la motivation et des prises de décision, surtout chez les personnes qui présentent des addictions avant l’âge de 25 ans.
Évoquant l’évolution des addictions à la drogue en Algérie, il a indiqué que le cannabis et la prégabaline sont les substances les plus consommées, elles sont suivies de la cocaïne, de l’ecstasy et de l’héroïne. Le Pr. Bourbon alerte sur le risque de développer des pathologies mentales chez les personnes dépendantes, citant à titre d’exemple la schizophrénie qui peut survenir chez les consommateurs de cannabis. La consommation de ces substances risque également de provoquer des maladies infectieuses transmissibles telles que les hépatites B et C, le VIH, la syphilis et la septicémie.
Le professeur Mohamed Nedjari, chef de service de psychiatrie adulte à l’EHS Drid Hocine (Alger), a souligné de son côté, le lien entre addiction et pathologies mentales, affirmant que contrairement aux idées reçues, la psychiatrie est accusée à tort :« 75 % des médicaments utilisés en psychiatrie ne provoquent pas l’addiction. Seuls les anxiolytiques peuvent induire une dépendance, dans le cas où ils sont prescrits pendant une longue période ou si le patient en abuse », a-t-il expliqué.
La prise en charge et la prévention des maladies mentales et de l’addictologie doivent être pluridisciplinaires, face notamment au fléau d’addictologie aux drogues qui commence à prendre de l’ampleur dans la société algérienne. Un plan de sensibilisation pourrait non seulement sauver des vies humaines et réduire ce fléau, mais aussi diminuer les pertes économiques pour les pouvoirs publics. La prévention devrait commencer, selon le Pr. Nedjari, par les parents, les médecins généralistes et les psychologues scolaires, qui pourraient repérer les premiers signes.
« Nous avons réalisé des avancées sur le plan de la formation et de la gratuité des soins, mais il reste encore beaucoup à faire“, a-t-il ajouté, précisant qu’il existe des programmes de soins pour la détection précoce de ces pathologies et de leur traitement. En plus de la thérapie et des médicaments, une activité physique régulière, une bonne hygiène de vie, rester entouré et en société, sont des méthodes recommandées pour les patients, selon le Pr. Nedjari, qui précise également qu’il a été “prouvé scientifiquement que la pratique du sport agit favorablement sur le cerveau ».
Yamina Baïr