Le ministère de la Santé tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence des cas d’hospitalisation psychiatrique en Algérie. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée ce lundi à l’Institut national de la santé publique (INSP), le ministre de la Santé, Pr Mohamed Seddik Aït Messaoudène, a réaffirmé que la santé mentale est désormais une priorité nationale, au même titre que les autres composantes de la santé publique.
Placée sous le thème « Promouvoir la santé mentale de proximité », la rencontre a permis de dresser un état des lieux préoccupant. Le ministre a rappelé que la santé mentale ne doit plus être perçue comme un sujet secondaire, mais comme un droit fondamental garanti à chaque citoyen.
Depuis l’indépendance, a-t-il souligné, l’Algérie n’a cessé d’investir dans le développement des structures psychiatriques, la formation de spécialistes et la réforme du cadre législatif régissant la prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiques.
Cependant, ces dernières années ont connu une hausse marquée des hospitalisations psychiatriques, notamment les hospitalisations sous contrainte, phénomène qui a conduit le ministère à ouvrir de nouvelles structures spécialisées dans plusieurs wilayas et à adapter la réglementation à la réalité sanitaire actuelle.
Un plan national aligné sur les recommandations de l’OMS
Pour répondre à ces nouveaux défis, le ministère a mis en place un Plan national de promotion de la santé mentale, conforme au plan d’action mondial pour la santé mentale (2013-2020) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce plan vise à renforcer les soins de proximité, à améliorer l’accès aux services spécialisés et à promouvoir une approche communautaire, centrée sur la prévention et la réhabilitation.
L’addiction, une menace grandissante chez les jeunes
Le Pr Aït Messaoudène a également mis en garde contre la montée inquiétante des addictions et de la toxicomanie, qu’il a qualifiées de « défis majeurs pour la société algérienne», particulièrement chez les enfants et les adolescents.
Il a appelé à durcir les sanctions contre les trafiquants et les revendeurs de drogues, tout en insistant sur l’importance de renforcer la prévention, la sensibilisation et la coordination intersectorielle.
«L’addiction ne se limite pas à des troubles mentaux, elle provoque aussi des pathologies physiques graves telles que les maladies cardiaques, l’hypertension et l’insuffisance cardiaque», a-t-il alerté.
Un réseau national de 55 structures et plus de 1 200 spécialistes
Sur le plan opérationnel, le ministre a rappelé que 55 structures dédiées à la santé mentale sont aujourd’hui réparties à travers le territoire national, dont 5 hôpitaux psychiatriques et 50 établissements de proximité, soutenus par plus de 1 200 psychiatres et pédopsychiatres.
Le ministère a par ailleurs constitué des groupes de travail multisectoriels chargés de rédiger de nouveaux textes réglementaires, notamment sur l’hospitalisation obligatoire et la réorganisation des services psychiatriques.
En conclusion, le Pr Aït Messaoudène a insisté sur le fait que la promotion de la santé mentale n’est pas une action ponctuelle, mais un processus national durable, fondé sur une vision claire et une volonté collective.
Il a appelé les professionnels de santé, les institutions partenaires, la société civile, les médias et les familles à unir leurs efforts pour améliorer la prise en charge, prévenir les troubles mentaux et favoriser une santé mentale accessible à tous.
Le ministère réaffirme ainsi son engagement à faire de la santé mentale un pilier de la santé publique en Algérie, aune cause nationale au cœur du bien-être individuel et collectif.
Rania N.
