Le nombre de médicaments en rupture de stock en officine augmente de jour en jour. Cette rupture touche de plus en plus de classes thérapeutiques au niveau national. Elle concerne aussi bien les princeps que les génériques et particulièrement ceux qui sont fabriqués localement. Le syndicat national de pharmaciens d’officines sort de sa réserve et dénonce.
La situation se complique de jour en jour et de nombreux patients sont à la recherche de leurs médicaments. Une virée dans les pharmacies au niveau de certains quartiers d’Alger nous a permis de constater le désarroi des pharmaciens d’officine qui confirment cette tension sur certains médicaments tels que les antibiotiques injectables, les collyre, les corticoïdes, les anticoagulants et autres spécialités. « C’est une situation très complexe que nous vivons face à nos patients à qui nous n’avons pas d’alternatives à proposer », regrette une pharmacienne dans la commune d’El Achour.
Sa collègue de Oued Romane prie que la situation ne s’aggrave pas avec l’arrivée de l’été. « Il est très difficile pour nous d’avoir les quantités suffisantes de médicaments pour répondre à la demande des patients. Il m’arrive de faire toute une gymnastique pour trouver trois à quatre boites sur les produits en tension. C’est devenu insupportable », s’indigne -t-elle. Ces ruptures cycliques de médicaments se sont certes accentuées avec la crise Covid -19 dans notre pays ,mais il semble qu’elles sont liées à d’autres facteurs. Une enquête pour déterminer les raisons de ces ruptures cycles doit être rapidement engagée.
En avril 2022 , l’Inspection générale de la présidence de la République sous instruction de Abdelmadjid Tebboune avait lancé une enquête nationale sur les raisons des perturbations persistante du marché du édicament dont les résultats n’ont pas été publiés.
Le fait est aujourd’hui grave au point que le syndicat national des pharmaciens d’officine(`Snapo) a, dans un communiqué rendu public, dénoncé les « pratiques illégales des distributeurs en gros ». « (…) imposant des conditions commerciales contraignantes, inhumaines et contraire à la déontologie et à l’éthique de la profession pharmaceutique entrainant de grave perturbation et d’importation et une pénurie provoquée de certains médicaments ».
Le snapo pointe également du doigt certains opérateurs qui « ne respectent pas leurs engagements à exécuter les programmes de fabrication et d’importation dans les délais et les quantités impartis ».
Le Snapo appelle les pharmaciens à « boycotter les établissements pharmaceutiques de distribution en gros qui leur imposent des restrictions et des conditions commerciales illégales et contraire à l’éthique et à la réglementation en vigueur » tout en le informant du lancement d’une plate -forme numérique pour signaler « les pratiques et pressions subies sur le terrain et permettre la notification des médicaments indisponibles ou sous tension mentionnant le nom du fournisseur qui n’en dispose pas pour mieux coordonner avec les autorités compétentes », indique la même source.
Dans ce cadre, le SNAPO exhorte le ministère de l’industrie et de la production pharmaceutique à intensifier les opérations de contrôle et à prendre les mesures nécessaire pour dissuader les contrevenants à garantir une distribution fluide des produits pharmaceutiques aux pharmaciens d’officines porsuit le comuniqué.
Le syndicat appelle également à la révision de la réglementation relative aux établissements pharmaceutiques pour « réguler et optimiser le parcours du médicament en adoptant la numérisation comme solution pour apporter de la transparence à toutes les étapes du circuit pharmaceutique ».
Djamila Kourta