Plus de 4000 procès-verbaux d’infraction en matière de prévention et de sécurité sanitaire et de médecine du travail ont été établis en 2023 suite au contrôle et à l’inspection du ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, de plus de 113.000 organismes employeurs concernant près de 3 millions et demi de travailleurs.
Un flagrant manquement au respect de règles d’hygiène, de sécurité et de médecine du travail notamment dans le secteur privé a été déploré par les médecins du travail lors du séminaire atelier organisé les 27 et 28 décembre 2023 par le Ministère de la santé en collaboration avec le ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale. Des lacunes en matière d’organisation, de déclaration et de prise en charge des travailleurs par les services de la médecine du travail ont été également relevées par les praticiens. « Le secteur privé est très mal pris en charge ou échappe totalement à la couverture par la médecine du travail. En dehors du secteur industriel, plusieurs secteurs d’activités ne disposent pas de couverture par la médecine du travail notamment le secteur agricole dont les caractéristiques éco-environnementales ne favorisent pas cette couverture », a- t-on relevé en précisant que la couverture médicale effective de tous les travailleurs actifs déclarés ne dépasse pas les 12% de la masse salariale.
Comme il est difficile aussi d’établir le profil de morbidité des travailleurs algériens et d’identifier avec exactitude les secteurs d’activité les plus pourvoyeurs de maladies professionnelles. Des données capitales pour le renforcement et l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour la promotion de la santé en milieu du travail. Ce séminaire atelier dont le premier objectif est de faire un état des lieux a suscité un grand débat entre professionnels qui a mis en avant une grande dissonance entre la réalité du terrain et les exigences légales et réglementaires non respectées par les employeurs.
Ainsi, la numérisation des services de la médecine du travail afin de mettre en place un plan d’action pour améliorer la traçabilité de toutes les activités médicales, administratives et environnementales a été recommandé à l’issue des ateliers. « Ce qui permettra de mettre en place un plan d’action et améliorer la traçabilité collective et individuelle des expositions professionnelles », a souligné Dr Fourar, Directeur général de la prévention et la promotion de la santé au Ministère de la santé. D’autres recommandations ont été retenues, entre autres, l’actualisation des nomenclatures des activités de médecine du travail ainsi que la convention type entre les organismes employeurs et les structures de santé au travail datant de 1995. Il est également question de mettre à jour les documents réglementaires du médecin du travail notamment le rapport annuel d’activités, qui doivent être adaptés aux caractéristiques des secteurs d’activités, de la taille de l’entreprise et du nombre des effectifs.
Pour rappel, la surveillance médicale de la santé en milieu du travail est assurée par des services de médecine du travail hospitalo-universitaires, des services de médecine du travail des établissements publics de santé de proximité et par quelques services autonomes d’entreprises assurés par des médecins généralistes recrutés et gérés par ces entreprises.
Djamila Kourta
2. 949 accidents de trajets mortels en 2023
Intervenant sur le rôle de la CNAS dans le système de prévention des accidents de travail et maladies professionnelles, le Dr Djamal Matari, directeur de la prévention à la CNAS a signalé que 32 476 accidents de travail ont été enregistrés au 30 novembre 2023 et 204 déclarations pour maladies professionnelle . Il a également signalé que 2. 949 accidents de trajets mortels ont été répertoriés au courant de la même année dont certaines victimes n’étaient pas déclarées aux caisses de la sécurité sociale. « L’employeur n’a fait la déclaration qu’après le constat du le décès », a- t-il déploré.
D.K