Les cancers digestifs représentent 20% de l’ensemble des cancers, toutes localisations confondues, enregistré annuellement en Algérie, a révélé le Pr Adda Bounedjar Président de la société algérienne de formation et de la recherche en oncologie, et chef de service d’oncologie au CHU de Blida, lors des travaux du Master class des cancers digestifs ouverts vendredi à Alger.
Il signale que les cancers digestifs sont en nette augmentation en Algérie et le cancer colorectal représente 25% de l’ensemble des cancers dans le monde. Premier cancer chez l’ homme et deuxième chez la femme en Algérie, le cancer coloréctal nécessite une prise en charge standardisée en matière de diagnostic et de thérapeutique tout en s’appuyant sur la prévention et le dépistage. Ce Master class intervient justement dans cette optique pour échanger les expériences entre les spécialistes algériens des différentes spécialités et des experts européens et américains.
La prise en charge des cancers digestifs et gastriques posent un problème dans notre pays, du fait que “40% de ces cancers arrivent au stades métastatiques”. “D’où l’importance de la prévention qui permet de réduire la mortalité de 18% et le dépistage pour un diagnostic précoce», a souligné Pr Bounedjar.
Il estime qu’il est important aujourd’hui de « lancer le dépistage individuel ciblé et sélectif au minimum aux sujets à risques et à moyen risque», a-t-il recommandé et de se féliciter de l’acquisition par les hôpitaux des thérapeutiques innovantes notamment l’immunothérapie dans le traitement du cancer du poumon et mélanome dans un premier temps. Ainsi, des schémas thérapeutiques ont été présentés par les experts , qui, selon eux, sont d’une grande efficacité. « Ces thérapeutiques à savoir les thérapies ciblés permettent une meilleure qualité de vie et de survie », a- t-on précisé.
Le Pr Hassen Mahfouf , oncologue, chef de service à l’hôpital de Rouiba, souligne que les cancers digestifs sont de plus en plus fréquents dans notre pays et met l’accent sur l’augmentation de l’incidence du cancer du pancréas. « on est passé de 30 malades au maximum à 60 voire 70 actuellement dans un service d’oncologie médicale », a- t-il précisé. Pour ce qui est des cancers digestifs, le Pr Mahfouf estime qu’ il “faut tirer la sonnette d’alarme sur les habitudes alimentaires des algériens et le mode de vie.
Pour réduire ces pathologies, il préconise le dépistage pour un diagnostic précoce de ces cancers sachant que 15% des formes sont familiales et 5% génétiques. « Des consultations d’onco- génétique sont à prévoir pour un diagnostic précoce et faire bénéficier les patients d’ une prise en charge chirurgicale mini- invasive suivie d’une thérapeutique moins agressive », a-t-il ajouté.
Le Pr Yekrou Djamila, chef de service d’oncologie au CAC de Sid Belabbes, est revenu sur l’importance de ce Masterclass dans la prise en charge des cancsers digestifs et l’intérêt de la biologie moléculaire dans le diagnostic précis et un traitement ciblé à la carte de ces cancers. « La biologie moléculaire constitue le pilier du diagnostic et du traitement. Lequel est déterminé en fonction du génomique de la tumeur d’où le recours aux thérapies ciblées », a- t-elle expliqué avant de préciser que l’utilisation des thérapeutiques innovantes nécessiste le listing des mutations à partir de la biologie moléculaire.
« Cette technique permet de rechercher les différentes mutations pour la prévention de certains cancers comme le cancer utérin, le diagnostic des cancers à travers l’expression de certaines mutations tel que Her2 dans le cancer du sein, le GFR dans le cancer du poumon etc », a expliqué Dr Kahia Tani, bio pathologiste directrice du laboratoire de Biologie moléculaire Genethical à Oran. Elle fait savoir que que la biologie moléculaire permet également d’assurer le suivi des patients en cours de traitement et après le traitement permettant ainsi de prévenir les récidives.
Djamila Kourta
