La médecine légale, une spécialité longtemps marginalisée, retrouve ses marques et connaît une évolution remarquable. Une journée scientifique a été dédiée à cette spécialité en Algérie sous le thème « Histoire de la médecine légale Algérienne», organisée par l’Académie algérienne du développement des sciences médico-légales.
A travers cette journée, un hommage a été rendu aux maître de la médecine légale tout en revenant sur tous les acquis notamment la formation des jeunes générations de médecins légistes. « Actuellement l’Algérie compte 422 médecins légistes qui exercent dans les établissements hospitaliers. Ce qui reflète les efforts consentis par l’Etat algérien depuis l’Indépendance dans la formation », a souligné le Pr Rachid Belhadj, président de l’Académie Algérienne du développement des sciences médico-légales et chef de service d emédecine légale au CHU Mustapha Bacha.
Il a mis l’accent sur l’importance de la formation médicale continue des médecins ainsi que sur la nécessité de former d’autres acteurs dans le domaine tels que les avocats et les officiers de polices afin de vulgariser le jargon médico-légale dans l’intérêt des victimes des violences physique et sexuelles. « Nous avons introduits le concept de la preuve scientifique grâce aux moyens technologiques modernes. « Nous utilisons le scanner chez le vivant et les personnes décédées, pour faire face à certaines situations particulières notamment le transporteur humain de drogue, la toxicomanie, l’immigration clandestine etc . Ces preuves scientifiques doivent être numérisées et gardées pour être exploitées. Le législateur , les juges et les enquêteurs ont besoin de la science qui est fournie par la médecine légale », a -t-il expliqué.
Le Pr Djamil Azzouz a, quant à lui, présenté l’expérience du service de médecine légale au CHU Mustapha Bacha qui a réussi le pari de Zéro papier au service. La médecine légale algérienne connaît une mutation notamment à travers la numérisation et la digitalisation, a souligné Pr Azzouz. Cette numérisation permet, selon lui, plus de précision et de cohérence -au travail du médecin légiste. Il appelle ses confrères à adopter ce paradigme car « L’expertise doit obéir à des standards et la médecine légale est une question de souveraineté », a -t-il dit en revenant sur l’impact de ces nouvelles technologies dans «le développement de la spécialité et pour plus d’efficacité » tout en plaidant pour l’instauration de réseau et d’interopérabilité.
Le ministre de la santé, Abdelhak Saihi, qui a présidé l’ouverture des travaux a tenu à saluer le rôle majeur de la médecine légale dans l’accompagnement de plusieurs secteurs, notamment la justice et la sécurité. Il a indiqué que cette spécialité importante « nécessite d’être développée et soutenue par le ministère de la Santé” tout en saluant les efforts consentis par le service de médecine légale au CHU Mustapha Bacha.
Par ailleurs, des distinctions ont été remises aux proches des trois maitres de la médecine légale algérienne à savoir les Prs feu Youcef Mahdi, Mohamed Saleh Aideli et Mohamed Hanouz. Le Pr Rachid Belhadj a été également distingué, à cette occasion, par le Conseil des ministres arabes de la Santé pour ses contributions au développement de la spécialité de médecine légale en Algérie.
Djamila Kourta