Le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie, Pr Fawzi Derrar revient dans cet entretien sur les principaux virus de la grippe qui circulent actuellement en Algérie et le caractère particulier de sévérité de certains d’entre eux pour cette année.
Interview réalisée par
Djamila Kourta
L’épidémie de grippe est actuellement très intense. Quelle est la situation en Algérie ?
Effectivement l’épidémie de la grippe s’est installée avec une forte circulation des différents types de virus. Il y aune circulation de trois virus grippaux (B-Voctoria, H1N1, H3N2) qui touchent toutes les tranches d’âges. Un récapitulatif de l’activité des virus influenza versus virus grippaux, des dernières semaines, montre que l’épidémie de grippe a démarré dès la mi-décembre marquée par les virus respiratoires syncytiaux et certains autres virus.
L’ascension de ces virus au fil des jours s’est faite ressentir et les premiers éléments d’analyse de la situation montrent que, durant cette période, le syndrome grippal constitue 16% des motifs de consultations médicales dont 43% des enfants âgés entre 0 à 14 ans, 35 % des jeunes adultes âgés de 15 à 50 ans et 23% des personnes âgées de 50 ans et plus.
Ainsi, un quart de ces syndromes grippaux, soit 25%, se sont avérés comme cas de grippe confirmés au laboratoire et seulement 5% était des cas confirmés de virus SarsCov-2 (Covid19) qui a commencé à décliner face au virus de la grippe.
Pourquoi parlons t-on alors de grippe sévère ces dernières semaines ?
La souche du virus grippal qui avait circulé au départ de façon plus importante était la souche B Victoria et représentait 55% des virus grippaux circulant. Elle a été suivie par la suite du H1N1 (27%) et après H3N2 (18%). On sait qu’aujourd’hui, au plan technique et épidémiologique pure que les virus sous types du H1N1 sont responsables d’une transmission plus élevée alors que le sous type H3N2, qui a pris le relais cette dernière semaine, se caractérise par plus d’agressivité. Notre courbe montre bien que, l’épidémie est fortement ressentie avec cet aspect de sévérité au sein de la population au cours de ces dix derniers jours et c’est le sous type H3N1 qui est prépondérant. Je tiens à souligner qu’il n y’a rien d’anormal à cela.
Comment se protéger face à ce pic épidémique ?
Face à cette évolution du virus nous disposons d’une arme puissante qui est la vaccination afin de se protéger et protéger les autres. Il est toujours conseillé de se vacciner, notamment pour les personnes à risques, pour faire face à ce cap du pic épidémique qui commencera à décliner d’ici la fin de janvier à début février. Comme il est toujours important de continuer à observer les gestes barrières. D’autres données relatives à la surveillance de la grippe par PCR ou séquençage par le centre de référence de la surveillance de la grippe de l’IPA, seront disponibles dans les prochaines semaines.
D. K.
