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Santé mentale : Un décret interministériel en préparation pour améliorer la prise en charge 

  • 10 octobre 2024
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  Un décret interministériel est en préparation pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux. Le professeur Mohamed Chakali,  sous directeur de la promotion de la santé mentale au ministère de la Santé, a exposé ce texte de loi lors d’une journée d’études, organisée ce jeudi à l’Institut national de santé publique (INSP), à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre.   Le professeur Mohamed Chakali a présenté les grandes lignes d’un projet de décret interministériel visant à combler de nombreuses lacunes dans la loi sanitaire. “Cette dernière contient plusieurs articles sur la prise en charge de la santé mentale, mais le manque de textes d’application représente un frein pour les professionnels du secteur dans de nombreux cas », a indiqué  le Pr Chakali. Il a estimé qu’il y a des modifications à apporter à la loi sanitaire, notamment concernant les placements judiciaires. « Il y a trois établissements dédiés à la prise en charge des placements judiciaires (Blida, Othmania et Oran) », a-t-il signalé. Il a annoncé que quatre autres établissements ont été ajoutés, dont deux au centre du pays, un troisième à l’est et un quatrième à l’ouest. Dans le projet de décret en préparation, il est proposé que tous les établissements de psychiatrie prennent en charge les placements judiciaires, selon l’intervenant. Citant d’autres cas, il a évoqué particulièrement l’hospitalisation sous contrainte, ainsi que la prise en charge des détenus atteints de troubles psychiques en milieu carcéral. « Les textes ne sont pas clairs », a-t-il martelé. Il s’agit également dans ce projet de loi d’instaurer la sectorisation, selon le même intervenant. « Nous devons définir les aires géographiques des bassins de population qui sont pris en charge par un établissement », a-t-il indiqué. Il s’agit, en effet, d’offrir à chaque bassin de population une structure, une équipe et des moyens pour une meilleure prise en charge, a-t-il expliqué. « L’État a mis en place énormément de moyens, nous avons 25 établissements spécialisés en psychiatrie, dont un dernier né dans la wilaya de Tamanrasset. Nous avons plus de 6000 lits. Les soins se font aussi en ambulatoire afin d’éviter la rechute », a-t-il ajouté. Mais l’organisation pose problème. Pr Chakali a également évoqué la question de la formation du personnel d’accompagnement pendant les situations de crise et la prise en charge des personnes âgées. Parmi les points relevés par les participants, la réinsertion sociale des patients. Pr Hanane Hocine, psychiatre et cheffe du service de soins en addictologie à Annaba, estime que les soins continuent à se faire d’une « manière archaïque », soulignant un manque d’accompagnement tel que l’absence de psychothérapie. « La logique de soins est une logique d’enfermement. Les structures jouent uniquement un rôle de consultation ; le côté pharmaceutique est pris en charge, mais cela ne suffit pas. ». Elle souligne également le problème de l’auto-stigmatisation des patients et propose de changer le nom inscrit sur la carte des patients par « pathologie chronique » afin de permettre une meilleure réinsertion dans la société.   Yamina Baïr